Congo-Futur

Dialogue Inter-congolais, opportunité ou piège ?

Le président mal-élu  de la RDC comme le qualifient les médias internationaux (pour ne pas dire non-élu) a lancé dans son message à la nation le 1 er janvier 2013, l’idée d’un dialogue inter-congolais pour résoudre la crise multidimensionnelle qui sévit en RDC.

Les congolais se souviennent très bien que ce genre d’exercice a déjà vu le jour au Congo sans néanmoins concrétiser l’espoir qu’ils avaient suscité. Pour exemple, le dialogue inter-congolais de Sun City avait pourtant crée un élan d’espoirs au sein la population, mais il avait finalement accouché d’un monstre à plusieurs têtes avec comme seul but de récompenser les seigneurs de guerres.

Aujourd’hui, il est compréhensible que le premier réflexe de la classe politique et de la population en générale soit une hyper-méfiance vis-à-vis d’une telle initiative surtout si on considère que le pouvoir qui fait cet appel au dialogue est le premier si pas le seul responsable de la situation chaotique du pays.

En ce qui nous concerne, nous estimons que la RDC est dans une impasse. Il y a une crise de légitimité depuis les élections bâclées de novembre 2011. Une pseudo-rébellion à l’est du pays qui plonge la population déjà meurtrie dans une catastrophe humanitaire inimaginable. Le pillage des ressources naturelles de la RDC par les pays voisins (Rwanda et Ouganda : réf le rapport Mapping des experts des nations unies). La corruption dans l’appareil de l’état congolais qui est devenu un cancer généralisé exigeant un traitement choc.  Devant ce constat, les forces positives de la société congolaise (opposition, société civile et diaspora) semblent impuissantes.  Cette impuissance est selon nous dû à un manque de stratégie, en effet, les forces positives sont pleines de bonnes intentions mais malheureusement, elles naviguent à vue, elles sont devenues plus réactionnaires que proactives. Cette impuissance a comme autre source les divisions dues aux ambitions personnelles.

L’histoire récente de la politique africaine nous apprend que celui qui convoque un forum national en perd souvent le contrôle car une dynamique interne peut en changer la donne. La conférence nationale souveraine (La CNS) en RDC a été convoquée par Mobutu mais elle s’est par la suite déclarée souveraine.

Nous invitons donc les forces positives de la RDC de ne pas rejeter d’office le dialogue inter-congolais initié par le pouvoir en place mais plutôt de développer  une stratégie en fonction du joueur et de son jeu.

Pour notre part, certains préalables non-négociables devraient être posés avant ce fameux dialogue inter-congolais.

1. Au sujet des participants : ceux-ci doivent être issus des acteurs sociaux de la vie nationale : -La classe politique (de façon paritaire; le pouvoir et l’opposition (la vraie))-la société civile non-politique-la diaspora-les groupes armées. Chaque composante devrait librement et sans interférence designer ses délégués au dialogue inter-congolais.
2. Au sujet de l’ordre du jour : la crise de légitimité depuis les élections de novembre 2011-les accords secrets avec les groupes rebelles-les relations avec nos voisins-et tout autre sujet d’intérêt national.
3. Au sujet de l’organisation du dialogue : celui-ci devrait se tenir à Kinshasa-la direction de débat devrait être confiée à une personnalité acceptée par toutes les composantes-tous les votes durant le forum devront se faire à main levé (pas de vote secret) et  les décisions prises à la majorité relative de 3∕4 des participants-le dialogue devra être un forum publique et radio et télédiffusé sur tout le territoire de la RDC-enfin les décisions du dialogue devraient être exécutoires et imposables à tous.

Avec ces préalables, ceux qui croyaient piéger seront pris à leur propre jeu.  Nous invitons donc, les forces positives de la RDC à saisir cette opportunité et à se fixer des objectifs communs et claires  afin qu’une bonne fois pour toute la RDC se remette sur les rails et se débarrasse des forces négatives qui ont longtemps plongé dans la misère.

Paul MUAMBA